Règle : Des valeurs d’empreinte à atteindre dans le temps (et/ou des objectifs de réduction) doivent être présentées. Ces valeurs d’empreinte (ou les objectifs de réduction correspondants) doivent être conformes aux seuils (i.e. points de passage) définis par la trajectoire de réduction individuelle (cf. Trajectoire de réduction).
Règle : Ces valeurs d’empreinte doivent à minima présenter :
La valeur « finale » à atteindre : 2 tCO2eq en 2050 ;
Des valeurs intermédiaires aux pas de temps proches (court, moyen et long terme) afin de projeter l’individu vers des paliers temporels plus concrets que l’horizon 2050.
Pourquoi ?
Ces différentes valeurs d’empreinte sont autant de points de passage pour aiguiller les individus sur la progressivité de la réduction à opérer et donc sur la progressivité des efforts à mettre en oeuvre (i.e. des écogestes aux actions “fortes”) pour arriver à terme à une valeur d’empreinte en 2050 considérée comme soutenable.
Conseils d’application
L’horizon 2050 est une échéance temporelle abstraite. C’est pourquoi, les valeurs d’empreinte intermédiaires à présenter à court, moyen et long terme doivent être adaptées à une temporalité sur laquelle les individus peuvent se projeter.
Conseil : Il est recommandé que les 3 paliers temporels à court, moyen et long terme pour projeter les individus vers des valeurs d’empreinte à atteindre dans le futur soient : n+1, n+2 et 2030 (n = année de référence).
De plus, la valeur finale d’empreinte à atteindre ("l’objectif 2 tonnes”) est un sujet de confusion majeur pour les individus. Sa signification, sa temporalité et les hypothèses sous-jacentes à sa définition sont souvent mal connues.
Conseil : Il est recommandé d’expliquer les hypothèses propres à la définition de “l’objectif 2 tonnes” ainsi que sa signification et l’échéance temporelle à laquelle celui-ci doit être atteint. La contextualisation de cet objectif est également recommandée.
Avis du GT
Même si le plus tôt sera le mieux, "l’objectif 2 tonnes" est à atteindre théoriquement en 2050. Hors mode de vie très particulier, atteindre une empreinte de 2 tCO2eq par an est à l’heure actuelle très difficile pour un Français ou un Européen. En effet, l’environnement sociotechnique dans lequel nous vivons actuellement n’est pas (encore) compatible et adapté à des modes de vies soutenables (cf. Trajectoire de réduction pour la mise en perspective de l’action individuelle). Cet environnement va devoir muter sur le temps long. Ainsi, l’horizon 2050, bien qu’éloigné, apparaît comme une temporalité pertinente pour que les individus se représentent les transformations à opérer en tenant compte des délais requis (évolution des normes réglementaires, mutation des modes de vies, développement des infrastructures, modification des règles économiques, etc.). De plus, cette échéance recoupe avec les objectifs nationaux et européens de neutralité carbone à l’horizon 2050.
Plus spécifiquement, "l'objectif 2 tonnes" n'est pas le fruit d'accords internationaux. Il représente une simplification du point de passage moyen atteint en 2050 pour un ensemble de scénarios climatiques respectant une contrainte précise : limiter le réchauffement à +1,5° (avec une probabilité de réalisation supérieure à 50% et sans ou avec un faible dépassement). Cet "objectif 2 tonnes" est donc en adéquation avec l'Accord de Paris qui vise à limiter l’élévation de la température à +2° à l’horizon 2100 (par rapport à l’ère préindustrielle) et tout faire pour le limiter à +1.5°. Toutefois, cet objectif bien qu’à la fois simple (facile à comprendre et ne nécessitant aucun prérequis techniques) et clair (facile à retenir et sans ambiguïté qui le rende confus) repose sur des hypothèses discutables :
vision égalitaire de l’empreinte qui devra être la même pour tous les habitants de la Terre. Cette vision est construite en divisant les projections d’émissions brutes mondiales en 2050 des différents scénarios par la projection de population estimée en 2050. Cette vision ne fait pas sien le principe d’équité pourtant présent au sein de l'Accord de Paris. Ce principe d’équité justifierait la prise en compte des émissions historiques des pays occidentaux (i.e. émissions des 150 dernières années), ce qui résulterait en des objectifs d’empreinte individuelle en 2050 beaucoup plus faibles pour les habitants des pays occidentaux que pour les habitants du reste du monde.
les capacités d'absorption de GES en 2050, capacités autour desquelles l’incertitude est grande (tant sur les capacités de séquestration naturelles, les puits de carbone continuant actuellement de se dégrader, que sur l’émergence de solutions techniques de captage à grande ampleur).
projection de population en 2050 qui est estimée à presque 10 milliards d’habitants sur Terre. Cette projection ne semble pas tenir compte des conséquences directes du changement climatique sur les individus.
Pour conclure, malgré la complexité de la l'objectif de 2 tCO2e/personne en 2050 représente une simplification méthodologique plus qu’acceptable doublé d’un outil pédagogique puissant.